https://www.lapresse.ca/actualites/politique/201904/26/01-5223752-les-liberaux-dechires-autour-du-compromis-bouchard-taylor.php?fbclid=IwAR0XLFoMo_N_RV2diND8vdDFB8ooG5RyHXyu2MUjs-4mkek0B421fJa1X78
C'est fait : la ligne de fracture est apparue, clairement, au sein du caucus libéral. Deux camps se sont affrontés ouvertement : d'une part, les tenants du compromis proposé par la commission Bouchard-Taylor ; de l'autre, les partisans de la position traditionnelle du PLQ, le respect absolu des libertés fondamentales.
Le ton a monté rapidement à la « réunion de travail » qu'ont tenue les députés libéraux jeudi matin, à l'hôtel Alt de Montréal. Une série de sujets étaient à l'ordre du jour, mais la position du parti sur le projet de loi sur la laïcité, qui sera inscrit début mai au menu des travaux de l'Assemblée nationale, a monopolisé les discussions.
Pour la première fois, la probable candidate à la succession de Philippe Couillard, Dominique Anglade, a pris position sur cette question délicate - elle s'en était gardée jusqu'ici, même derrière les portes closes du caucus. Pour l'ex-ministre de l'Économie, le PLQ devrait adopter la position du compromis Bouchard-Taylor dans le débat sur la laïcité. Pas question pour autant d'approuver le projet de loi 21, qui propose d'ajouter les enseignants à la liste des employés de l'État qui n'ont pas le droit d'arborer de signes religieux.
Environ le tiers des députés - la plupart des 29 élus étaient présents - partageaient ce choix. Le ton « était respectueux, mais vigoureux, ces questions sont émotives », a confié un élu sous le couvert de l'anonymat.
Sébastien Proulx et Gaétan Barrette s'étaient déjà dits publiquement favorables à l'ouverture sur le compromis Bouchard-Taylor. La porte-parole du PLQ dans ce dossier, Hélène David, était dans le même camp, tout comme Isabelle Melançon, Saul Polo et Moncef Derraji. « Il y a un groupe qui pense que, si l'on doit terminer le débat sur le projet de loi 21, on ne peut rester sur notre position, ne pas être en conversation avec la majorité francophone du Québec », explique un élu.
Respect absolu
Dans l'autre camp, l'autre députée qui envisage de prendre part à la course à la direction du PLQ, Marwah Rizqy, est montée au créneau. Comme la majorité des députés, la députée de Saint-Laurent prône le respect absolu des libertés fondamentales - personne ne devrait être empêché d'afficher sa confession. Dans le même groupe, on retrouve Paule Robitaille, Lise Thériault, Marc Tanguay, Christine St-Pierre, Frantz Benjamin et Marise Gaudreault. Les anglophones Gregory Kelley et David Birbaum sont aussi favorables à ce que le PLQ garde la même position, tout comme Carlos Leitãao, toutefois plus ouvert à la discussion. Enrico Ciccone était absent, tout comme André Fortin.
Mmes Robitaille et St-Pierre ont confirmé être favorables à la position actuelle du PLQ dans le débat sur la laïcité, mais ont souligné que les délibérations des élus devaient rester confidentielles.
Devant le bras de fer, le chef du parti, Pierre Arcand, est resté neutre ; Filomena Rotiroti, comme présidente du caucus, n'a pas davantage pris position. À la blague, un élu libéral a comparé le caucus à « des colocs entre qui il y a une tension francophone-anglophone ».
L'un des défis du PLQ « est de rester connecté à la base francophone ; si on n'est pas capables de dialoguer avec les régions du Québec, cela ne fait pas des militants, des députés, un parti bien fort », de confier un autre élu.
Pas question pour le PLQ d'approuver le projet de loi de Simon Jolin-Barrette, mais il faut prévoir que l'opposition n'allongera pas la sauce, ne fera pas perdurer ce débat à l'Assemblée nationale.
Les libéraux souligneront que, de toute façon, le gouvernement avait annoncé qu'il allait utiliser le bâillon pour arracher de force, s'il le fallait, l'adoption de son projet de loi. Chez les députés, on convient que le PLQ n'a rien à gagner d'une longue et pénible agonie en public en adoptant une position qui n'emporte pas l'adhésion de la majorité francophone. « Le mot "filibuster" [faire de l'obstruction parlementaire] n'a même pas été prononcé », résume-t-on.
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